Créé sur fond d’«humanitaire spectacle»: Qalb Tounès au cœur de tous les contrastes

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Il a à son actif un leader très introduit et 38 députés venus d’horizons divers, dont l’une a connu pas moins de cinq étiquettes différentes. Mais il récolte comme passif les déboires judiciaires de son président soupçonné de fraude fiscale.

Créé à la va-vite, au mois de mai dernier, pour légitimer la campagne électorale de son patron Nabil Karoui qu’il menait déjà, de fait, par le biais de l’association et du programme télévisé «Khalil Tounès» (Au Cœur de la Tunisie) a tiré son succès populaire des remises de cadeaux télévisées aux nécessiteux, qu’effectuait Nabil Karoui en personne, dont des cartons de pâtes alimentaires qui lui ont valu le surnom de «macrouna».

La facilité avec laquelle s’est formé le parti sur fond d’«humanitaire spectacle» a sans doute profité de l’éclatement de Nida Tounès, à la fondation duquel Karoui avait contribué à plus d’un titre aux côtés de Béji Caïd Essebsi et d’un petit groupe de personnalités dont Faouzi Elloumi et Omar S’habou

Mais les militants de Qalb Tounès sont loins d’être tous d’anciens nidaïstes. En fait, la personnalité de Nabil Karoui a de quoi faire rêver de nombreux Tunisiens et Tunisiennes et les inciter à suivre son chemin. Sauf que la prison a tempéré leurs ardeurs.

La facilité avec laquelle s’est formé le parti sur fond d’«humanitaire spectacle» a sans doute profité de l’éclatement de Nida Tounès, à la fondation duquel Karoui avait contribué à plus d’un titre aux côtés de Béji Caïd Essebsi et d’un petit groupe de personnalités dont Faouzi Elloumi et Omar S’habou.  Mais les militants de Qalb Tounès sont loins d’être tous d’anciens nidaïstes. En fait, la personnalité de Nabil Karoui a de quoi faire rêver de nombreux Tunisiens et Tunisiennes et les inciter à suivre son chemin. Sauf que la prison a tempéré leurs ardeurs.

Alors que tous les sondages d’opinion donnaient Karoui en tête de la  présidentielle et son parti en tête des législatives, les médias annoncèrent le gel de ses biens et de ses avoirs ainsi qu’une interdiction de quitter le pays. Des décisions de justice qui seront vite suivies de son arrestation spectaculaire sur l’autoroute de Béja, suite à un mandat d’arrêt émis pas la chambre de mise en accusation de la Cour d’appel de Tunis. Il restera en prison jusqu’à l’avant-veille du deuxième tour de l’élection présidentielle qu’il perdra contre Kaïs Saïed. Alors que sa campagne électorale sera menée par son épouse.

Sans conteste, son arrestation puis la campagne médiatique qui a suivi, qui le désignait comme un «dangereux baron» de la corruption, ont ruiné ses chances d’accéder à la magistrature suprême et celles de son parti  de rafler le jackpot aux législatives.

Les militants du parti n’hésitent pas à estimer qu’ils auraient pu obtenir entre 70 et 90 sièges parlementaires, n’était l’emprisonnement prolongé de Nabil Karoui qui était devenu, affirment-ils, la coqueluche des classes populaires et le «sauveur des pauvres». Aussi bien de par le soutien matériel qu’il leur prodiguait sans compter, que par le programme politique qu’il promettait de mettre en œuvre. Un programme associant la lutte concrète et immédiate contre la pauvreté et la libéralisation de l’économie par de grandes réformes bien inspirées, notamment la libération de l’initiative citoyenne. Y compris celle des pauvres et des jeunes chômeurs.

Les militants du parti n’hésitent pas à estimer qu’ils auraient pu obtenir entre 70 et 90 sièges parlementaires, n’était l’emprisonnement prolongé de Nabil Karoui qui était devenu, affirme-t-ils, la coqueluche des classes populaires et le «sauveur des pauvres». Aussi bien de par le soutien matériel qu’il leur prodiguait sans compter, que par le programme politique qu’il promettait de mettre en œuvre. Un programme associant la lutte concrète et immédiate contre la pauvreté et la libéralisation de l’économie par de grandes réformes bien inspirées, notamment la libération de l’initiative citoyenne. Y compris celle des pauvres et des jeunes chômeurs.

Cependant, le nombre de ses sièges étant limité, le parti a dû réviser ses ambitions à la baisse et ne plus rêver ne serait-ce que d’un strapontin au gouvernement dont la formation revenait au premier parti, Ennahdha. Sauf qu’un entretien rappelant celui de Paris, entre Béji Caïd Essebsi et Ghannouchi, va changer la donne.

Contrarié par les exigences de ses «alliés naturels», Attayar et le mouvement Echaâb, le parti nahdhaoui s’est tourné vers ceux qu’il n’a cessé d’accabler du qualificatif de corrompus : Nabil Karoui et Qalb Tounès. D’où ce que les dirigeants du parti désignent comme le «compromis historique» consistant en un vote croisé concerté entre les deux partis rivaux pour hisser Ghannouchi à la présidence de l’Assemblée et Samira Chaouachi à la première vice-présidence. Ce qui n’a pas empêché de voir l’ARP attribuer la présidence de la commission des Finances à un député Qalb Tounès, en tant qu’«opposition». 

Pourtant, les deux partis avaient crié mille fois à tue-tête dans tous les médias qu’ils ne s’allieraient jamais. Et l’on se met à imaginer qu’un autre mensonge fait son chemin s’agissant du gouvernement.

Déjà, le chef du gouvernement désigné a tenu à ce que Qalb Tounès soit le premier parti reçu à Dar Dhiafa dans le cadre des consultations visant à former le gouvernement et établir son programme. Ensuite, le parti de Karoui fait déjà partie de la Commission spéciale décidée par Habib Jemli pour élaborer le programme.

Mais les porte-parole de Qalb Tounès jouent la sérénité. Le parti a dû passer un compromis avec le vainqueur des législatives afin de quitter l’isolement où l’avait placé la persécution qu’à subie Karoui. Et d’ajouter que l’accord «secret» (de Polichinelle) concerne les deux processus : Assemblée et gouvernement.

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